Le choléra est évitable : récit d’une région frappée par l’épidémie

Article : Le choléra est évitable : récit d’une région frappée par l’épidémie
Crédit: ABC- "Avec accord pour publication"
15 octobre 2023

Le choléra est évitable : récit d’une région frappée par l’épidémie

Bonjour ! Je suis Garaobe Salomon, blogueur. Aujourd’hui je parle du choléra. Comme vous le savez sans doute, selon le rapport actualisé de situation de la gestion du choléra au Cameroun, au 23 août 2023, 20 042 cas dont 481 décès ont été notifiés. Les régions les plus touchées sont le Centre, le Littoral, l’Ouest et le Sud-Ouest. Quand nous nous souvenons de la flambée épidémique de choléra survenue en août 2019 dans la région du Nord avec 1 176 cas suspects cumulés en octobre, dont 62 décès, il est important de voyager dans le passé pour identifier les leçons apprises afin de mieux contrer l’actuelle crise. Je vis dans cette région du Nord. Dans ce billet, je vous raconterai comme ma région a fait face à cette épidémie en 2019.

Pourquoi la région du Nord a été si durement frappée par l’épidémie en 2019 ?

Quand l’idée de publier ce billet m’est parvenue, je me suis posé cette question : pourquoi ma région a été si durement frappée par le choléra en 2019 ? Cherchant des réponses à cette question, je suis allé à la rencontre de quelques spécialistes et en fouillant sur internet, j’ai trouvé des réponses.


Le principal élément de réponse est la situation géographique de ma région. Cette région s’étend de l’extrême-nord du Cameroun jusqu’à la région de l’Adamaoua, situé dans le nord du pays. À l’Est, on retrouve les républiques du Tchad et de Centrafrique, et à l’Ouest il s’agit de la république Fédérale du Nigeria. Suivant les explications de la plateforme de la gestion du choléra en Afrique centrale et de l’ouest, cette région est une zone à haut risque quant à la propagation des épidémies de choléra du fait de sa situation le long des frontières avec le Nigéria et le Tchad.

Région du Nord Cameroun


Aussi, les marchés transfrontaliers, les rites funéraires, les soins aux patients à domicile, le commerce et les communautés nomades autour du lac Tchad et le long de la Bénoué, sont des facteurs qui contribuent à la circulation rapide du choléra dans cette région.

Qu’est ce qui a sauvé le Nord du ravage de l’épidémie en 2019 ?

Honnêtement je n’ai pas trouvé de réponse précise à cette question. Quand l’épidémie est survenue, tout le monde s’est mobilisé. Les personnels de santé, les administrateurs, les commerçants, les ménagères, les enseignants des écoles, les organisations et les associations. Chaque acteur a, à son niveau, posé un acte ou prit une décision pour faire face à l’épidémie. Je pense que c’est le résultat de toutes ces actions qui a sauvé le Nord en 2019. En vous racontant mes souvenirs, vous comprendrez ce qui a sauvé cette région.

Le personnel de santé

Je me souviens de ces jeunes personnels de santé qui couraient dans tous les couloirs de l’Hôpital régional et qui devaient accueillir les malades pour les soigner. Ils ne devaient pas simplement les soigner, mais les sauver absolument. Ils ont sacrifié sommeil, repos, et leur famille pour sauver des vies et ils y sont parvenus.

Les crieurs

Je me souviens de ces crieurs qui sillonnaient chaque matin les quartiers et qui alertaient les populations sur les risques de contamination au choléra en leur montrant les gestes à adopter pour faire face à l’épidémie. Au marché, on voyait sur les portails, les murs des maisons, des églises, des mosquées et des écoles leurs messages. Ils ont sensibilisé les populations, et eux aussi, ont sauvé des vies.

Nos mamans

Je me souviens de ces mamans qui nettoyaient soigneusement leur maison. Les cuisines des maisons devenaient de plus en plus propres. Tout comme les latrines des quartiers qui devenaient de plus en plus propres. Ces mamans ont veillé sur leurs enfants et leur ont appris le respect des règles d’hygiène. Elles aussi, ont sauvé des vies.

Crédit photo : Croix-Rouge Camerounaise; libre accès

À l’époque tout le monde se lavait les mains

On avait compris le message des crieurs. Ils ont dit qu’on devrait se laver régulièrement les mains avec du savon et de l’eau courante ou avec de la cendre après avoir été aux toilettes ou tendu la main à quelqu’un. Au marché, à l’école, à la maison, à l’église, à la mosquée, partout le lavage des mains était un réflexe, tout le monde le faisait systématiquement.

Savez-vous qu’une bonne partie de la population du Nord est musulmane ? Je n’ai pas la statistique officielle mais j’aimerais juste vous faire savoir que le musulman prie 5 fois par jour. Avant chaque prière, il fait ses ablutions. Les mains sont ainsi lavées au moins 5 fois par jour.

Crédit photo : ABC « Avec accord pour publication »

Par rapport à la consommation des aliments

On avait aussi compris le message des crieurs. Ils nous ont dit que nous devrions faire cuire correctement les aliments et les consommer chauds. Les aliments crus étaient soigneusement lavés avant toute consommation.

Le choléra est ainsi évitable !

Je l’ai dit au début, c’est le résultat de toutes les actions de tous les acteurs qui a sauvé le Nord en 2019 de l’épidémie. Ce sont des petits gestes qui sauvent du choléra. J’ai juste raconté ce que nous avons vécu. Si des personnes dans n’importe quel village du globe, traversent une épidémie de choléra, qu’elles ne baissent pas les bras, mais qu’elles s’inspirent de cette histoire pour contrer l’épidémie.

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