Au Cameroun, l’accès à l’eau est un parcours du combattant

Article : Au Cameroun, l’accès à l’eau est un parcours du combattant
Crédit: Garaobe Salomon
19 avril 2023

Au Cameroun, l’accès à l’eau est un parcours du combattant

Chaque année, le 22 mars est la journée mondiale de l’eau, choisie par les Nations Unies en 1993. Cette journée célèbre l’eau et sensibilise à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent sans accès à de l’eau salubre. Retour sur l’accès à l’eau au Cameroun.

Le Cameroun est-il concerné ?  

Bien que disposant d’immenses ressources en eau, l’accès à l’eau potable reste faible au Cameroun, comme le souligne en 2018 le rapport de l’Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun. Il révèle que le taux moyen d’accès à l’eau potable est de 77% en milieu urbain et 45% en milieu rural au Cameroun.

Les grandes villes qui abritent la majorité de la population sont à 86,2% équipées en systèmes d’alimentation en eau potable (DSCE). Cependant, à peine 25% des ménages y ont réellement accès de manière continue, d’après le rapport National du Cameroun pour HABITAT-III en 2015. À Yaoundé, la capitale du pays, moins de 30% des besoins quotidiens en eau potable sont couverts

Ces chiffres montrent clairement que le Cameroun est concerné par des difficultés d’accès à l’eau. Mais même en ayant accès à l’eau, celle-ci est-elle potable ? Les données disponibles ne fournissent généralement pas d’informations physico-chimiques et bactériologiques des eaux. Néanmoins, le 29 janvier 2023, sur la CRTV, organisme public camerounais de radio-télévision, le directeur général de la société de production et de distribution de l’eau au Cameroun CAMWATER déclarait : « L’eau de CAMWATER est potable, de bonne qualité et aux normes. »

Une déclaration qui avait suscité de vives réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux. Selon les commentateurs, il s’agissait d’un pur mensonge et un mépris des populations consommatrices de cette eau.  

Et dans les zones rurales camerounaises ?

Contrairement aux zones urbaines, les zones rurales sont alimentées par des forages. Cependant, la première difficulté d’accès à l’eau est la panne des forages. Selon le Ministère de l’Eau et de l’énergie, sur les ouvrages actuellement construits, près de la moitié sont généralement en panne et le quart est complètement hors d’usage à cause parfois des choix techniques et technologiques, en rapport avec les localités considérées.

Crédit : MTNF-pep

Le décret 2010/0239/PM transférant aux communes les compétences pour la réalisation et la gestion des puits et forages est censé dynamiser à nouveau le système et faciliter l’accès à l’eau au niveau communautaire. Toutefois, l’on observe que les comités de gestion des forages mis en place par les communes n’arrivent toujours pas assurer le fonctionnement permanent des points d’eau.

Crédit: Garaobe Salomon

L’eau des forages est-elle potable ?

Le problème reste le même qu’en zone urbaine : avoir accès à l’eau ne veut pas dire pouvoir la boire. Selon la déclaration du ministre de l’Eau et de l’énergie à l’occasion d’une communication à l’assemblée nationale le 28 juin 2022, 57% des ménages ruraux au Cameroun ont accès à une source améliorée d’eau potable selon les critères définis par l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette statistique laisse sous-entendre que 43% des ménages en zones rurales dans le pays n’ont pas d’autres choix que de s’abreuver aux sources d’eau non améliorées.

Crédit: Garaobe Salomon

Au-delà de cette déclaration, nous constatons que les études d’impact environnemental ne sont parfois pas réalisées par plusieurs entreprises constructrices des forages. Selon les normes et les standards internationaux, la qualité de l’eau doit être analysée à des périodes précises de l’année afin de détecter à temps toute contamination bactériologique et/ou chimique (arsenic, nitrate, fluorure, fer, manganèse).

Urgence : il faut accélérer le changement !

L’eau c’est la vie ! Le problème d’accès à l’eau concerne tout le monde. C’est pourquoi nous devons tous agir ENSEMBLE. L’État, les particuliers, les ménages et les différentes communautés peuvent apporter leur pierre à l’édifice en utilisant, en consommant et en gérant l’eau de manière durable. Chaque geste, aussi modeste soit-il, peut contribuer à résoudre la crise de l’eau.

Les populations devraient adopter des attitudes visant à limiter la contamination de la nappe phréatique et la pollution des eaux de surface. Les pouvoirs publics devraient aussi mettre en place des programmes de surveillance de la qualité des eaux souterraines et du respect des mesures de protection de l’eau. Il est également nécessaire que des programmes d’information et d’éducation des populations voient le jour, afin de leur inculquer des comportements favorables à la gestion durable des points d’eau. 

Les organisations de la société civile doivent aussi continuer à accompagner les populations et l’État à l’exploitation et la gestion durable des eaux. Nous avons une occasion, au cours de cette génération, de nous unir autour de la question de l’eau et d’accélérer le pas ensemble. 

Vous pouvez agir à votre niveau. Soyez le changement que vous voudriez pour le monde !

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